Alors qu’aujourd’hui toutes les planètes sont alignées pour AMD qui collectionne les records financiers, on oublie vite qu’il y a moins de 15 ans, la survie de l’entreprise s’est jouée sur quasiment un coup de dés. En 2010, la firme est en mode survie, les réserves de cash dégringolent et atteignent un niveau ultra critique alors que les parts de marché s’étiolent devant le rouleau compresseur Intel.
Les années noires d’Amd
Mais revenons un peu en arrière. Dans les années 2000, AMD a encore des muscles et cartonne avec ses athlon 64. L’entreprise tient la dragée haute à Intel. Mais après, les choses se gâtent. En 2006, Amd rachète Ati pour une somme colossale de 5,4 milliards de dollars. Ce qui ressemble à un super move va vite tourner au cauchemar. Les dettes s’accumulent, et la concurrence devient féroce. En face, Intel accélère à fond : la gamme Core débarque et rafle tout.
En 2009, AMD est mal en point. les nouveaux processeurs Bulldozer, censés être les sauveurs de la boîte, déçoivent, et ce n’est pas peu dire. Bulldozer est lent, énergivore et inefficace. Intel, de son côté, continue d’avancer et de grignoter des parts de marché. Amd, ex-géant, se retrouve en train de regarder la bataille de loin, le moral dans les chaussettes et surtout il a maintenant ses banquiers sur le dos.
Le miracle vient du Japon, c’est la PS4
Nous sommes en 2011 et sincèrement ça ne sent pas bon. Alors que tout semble perdu, AMD reçoit une requête inespérée : Sony veut des processeurs pour sa prochaine console, la PS4. C’est clairement un jackpot inattendu. Pour amd, c’est une aubaine – une bouffée d’oxygène vitale. Sony leur confie la conception d’un apu (accelerated processing unit) qui combine cpu et gpu, un combo parfait pour une console.

AMD décroche le contrat et devient fournisseur unique des composants principaux de la ps4. Autant dire que le sort de l’entreprise est désormais entre les mains des gamers. Pour AMD, chaque ps4 vendue, c’est de l’argent qui tombe dans les caisses, des dettes qui se réduisent et une chance de plus de rester en vie et pourquoi pas, de revenir dans la course.
A sa sortie en 2013 la PS4 fait un carton. Les ventes explosent, et Sony en écoule plus de 100 millions d’unités. Chaque console représente un processeur AMD qui tourne dans le salon des joueurs, rapportant des revenus constants, prévisibles. AMD retrouve avec ce deal une certaine stabilité financière. Ce coup de chance lui permet de faire diminuer la pression de ses banquiers.
Ce succès console réveille les plus pessimistes de l’entreprise. Les fonds générés permettent de rediriger des investissements vers des recherches et développements plus audacieux, pour enfin se remettre dans la course sur le marché du PC. Car à ce stade, AMD doit plus sa survie aux consoles qu’à ses propres processeurs.
La renaissance d’AMD grâce aux Ryzen
Grâce à cet oxygène offert par Sony, AMD reprend des couleurs et peut enfin travailler sur un nouveau processeur : Ryzen. En 2017 le premier Ryzen, est lancé. Un cpu qui, pour la première fois depuis longtemps, rivalise sérieusement avec Intel. La communauté geek est en émoi. AMD, la société que tout le monde pensait finie, se met à redresser la tête face à Intel dans certains benchmarks. La bataille est relancée alors que Intel se contenait de gérer tranquillement son business.
La morale de l’histoire ?
AMD est une entreprise qui a failli disparaître, mais qui a été sauvée par un coup de chance incroyable et un partenaire stratégique. Sans la PS4, on peut penser que le sort de l’entreprise était joué et qu’elle allait lentement mourir à petit feu. Au lieu de ça, AMD a su rebondir et finalement ressusciter avec les succès qu’on connait aujourd’hui. Tout va très vite dans cette industrie car toute cette histoire tourmentée s’est déroulée en moins de 15 ans.